Musique et territoires
Ancrage, structuration et attractivité

Les disquaires indépendants à Lyon

Participation et impact dans l’émergence d’un territoire sonore

Par Thibault Jeandemange
Publié le 27 novembre 2025

Thibault Jeandemange est docteur en science politique, auteur dune thèse sur les signifiants politiques de la musique, et enseignant en philosophie et sciences sociales à SciencesPo Lyon ainsi quà lécole dart et de design E-artsup. Son intérêt pour diverses formes de création lui permet dexplorer les relations entre esthétique et société. Musicien pluri-instrumentiste, il est également chroniqueur pour la webradio LeGros Tas de Zik et coréalisateur de projets documentaires, dont la série de portraits de disquaires Dig in Lyon. 



Résumé

À Lyon, les disquaires indépendants, chacun particularisé dans une esthétique musicale, occupent une place centrale dans la structuration des scènes locales. À linstar des salles de concert, clubs ou festivals, ils participent à lémergence de réseaux, à la diffusion des œuvres et à la mise en relation des artistes et des publics. Leur activité témoigne dun ancrage territorial fort où se conjuguent commerce culturel, engagement musical et patrimonialisation des répertoires. Cet article analyse leur rôle dans la territorialisation des musiques, en tant quespaces déchange propices à la circulation, à la production et à la valorisation de genres spécifiques, contribuant à façonner un territoire sonore lyonnais. 


« Koop, il est clean. Mais c’est un dealer de vinyles grave. Sous couvert d’amitié, il les rend tous accros. Il racole en style[1]. »

Introduction

En 2025, la France compte environ 300 disquaires indépendantes et indépendants répartis sur l’ensemble du territoire, avec une forte concentration dans les grandes agglomérations. Ce nombre inclut aussi bien les autoentreprises exerçant principalement en ligne que les disquaires itinérants[2]. Lyon occupe la deuxième place parmi les villes françaises comptant le plus de disquaires, derrière Paris, qui domine le classement européen avec 87 établissements[3]. La Capitale des gones[4] abrite 13 disquaires indépendants[5] qui offrent un paysage musical riche et varié : chacun se distingue par une singularité et par un projet fort dans un genre ou un sous-genre spécifique, illustrant parfaitement la manière dont le territoire peut être envisagé comme une production dynamique, au sens de Gilles Deleuze et Félix Guattari. Loin de se réduire à une simple donnée géographique, il devient ici un espace vivant, constamment reconfiguré par les pratiques culturelles qui l’habitent[6]. Ces disquaires, par leurs choix curatoriaux, leurs communautés d’auditeurs et auditrices ainsi que leurs événements, participent à la (re)définition de l’identité sonore de la ville. Ils ne se contentent pas d’occuper un lieu : ils en produisent le sens, en modifient la cartographie affective et en déploient les possibles. Lyon n’est donc pas un territoire figé, mais un agencement mouvant, constitué d’appropriations sensibles, de circulations de savoirs et de sons, et de reterritorialisations permanentes. Le territoire s’appréhende ainsi comme une construction spatiale et sociale en constante évolution : il se produit, se transforme, peut être conquis ou déconstruit. Il organise des relations entre les éléments (personnes, objets, pratiques, sons, etc.) et permet leur circulation au sein d’un espace. Cette approche peut être articulée au concept de scène développé par Will Straw, qui permet de saisir les dynamiques culturelles dans leur dimension située, en tenant compte de la diversité des acteurs impliqués[7]. La dimension territoriale y occupe une place centrale : sans pour autant se réduire à une simple inscription locale, la scène est pensée comme un phénomène culturel ancré dans un espace géographique donné[8]. En effet, l’espace acoustique de la ville est constitué de son histoire musicale, des genres dominants de sa scène locale – comme le funk, l’électro ou encore les musiques expérimentales –, ainsi que de ses lieux emblématiques tels que les salles de concert, les bars musicaux ou les disquaires. S’y ajoutent des influences culturelles et des dynamiques musicales propres à la ville, qui contribuent à façonner une identité sonore singulière.

Dans cet article, il s’agitd’analyser le rôle des disquaires indépendants lyonnais comme espaces intermédiaires clés dans la structuration des scènes musicales, au même titre que les salles de concert, les clubs, les bars ou les festivals. Ils favorisent l’émergence de réseaux, la circulation des œuvres et la rencontre entre artistes et publics. Leur présence témoigne d’un tissu culturel vivant, où commerce indépendant, passion musicale et ancrage territorial se conjuguent pour faire exister les différentes scènes musicales, passées ou présentes, au quotidien. Je m’attacherai à mettre en lumière le rôle clé des disquaires lyonnais indépendants dans cette territorialisation. En créant des espaces d’échange autour de la musique, où des genres et des esthétiques spécifiques peuvent se déployer, être diffusés, produits et se patrimonialiser, ils font émerger un véritable territoire sonore lyonnais. Ce processus illustre la manière dont, selon Peter Berger et Thomas Luckmann, la réalité sociale[9] – ici, le territoire sonore – se construit collectivement à travers les pratiques et les interactions des acteurs locaux.

L’analyse s’appuiera, d’abord, sur des entretiens menés avec la majorité des disquaires lyonnais indépendants ; à savoir, par ordre alphabétique : Bigoût Records, Dangerhouse, LeGram VG, Livity Records, Lucky Records, Onigiri Records, Sofa Records, The Sounds Of Music, Tiki Vinyl Store, Unité Centrale et Watts Records. Par ailleurs, je me suis entretenu avec Simon Debarbieux, anthropologue et chercheur indépendant mais également salarié chez Sofa Records, pour qui il a supervisé la fabrication de plusieurs disques (en particulier Maghreb K7 Club) ; ainsi qu’avec François Jolivet, responsable du service Lieux et Disquaires au Centre national de la musique (CNM), qui apporte un éclairage précieux sur la réalité et les défis actuels des disquaires indépendants. Enfin, ce travail empirique a été complété par la consultation des annuaires des pages jaunes aux archives municipales de Lyon, afin d’identifier les noms et adresses des disquaires, notamment en vue de leur cartographie, ainsi que par la consultation de l’annuaire des entreprises, pour avoir accès aux dates de création et de fermeture des disquaires indépendants cités dans l’article.

Lyon, entre héritage et renouveau musical

Alors qu’au début des années 1970 on compte jusqu’à 3 000 disquaires indépendants en France, ils sont dix fois moins en 1987[10]. Cette tendance est également perceptible à Lyon, ville dans laquelle le déclin du nombre de disquaires illustre parfaitement la mutation du marché de la musique.

De la fermeture progressive des disquaires…

La métropole, jadis dynamique avec une multitude de boutiques indépendantes, a vu ses enseignes disparaître ou se transformer pour s’adapter à de nouvelles formes de pratiques et de consommation. À la fin des années 1970 et au début des années 1980, Lyon abritait des disquaires emblématiques, comme Musicland pour le punk rock et Bruit Bleu pour l’expérimental, ainsi que des enseignes plus généralistes, comme la Fnac, Téléglobe et Monoprix[11]. Cette époque était marquée par une véritable prise de risque artistique, permettant de dénicher aussi bien du krautrock pointu que les premiers vinyles de hardcore[12]. C’est véritablement à partir du début des années 1990 que les disquaires lyonnais connaissent un déclin important. Ces cessations d’activité sont liées à un tournant difficile pour l’industrie du disque[13], une crise qui a continué d’affecter les disquaires dans les années 2000, avec la liquidation de magasins comme Au Discophile (1966-2005), Extra Records (1998-2006), Keep Down Records (1998-2007), Scud Import (1997-2007), et plus récemment, Boul’Dingue (1974-2024), pour ne citer qu’eux. Parmi les disquaires de cette époque, seul Dangerhouse, fondé en 1989, est encore en activité aujourd’hui.

… au revival des années 2010

Le « retour » du vinyle est, dans un premier temps, resté confidentiel, avec des parts de marché marginales jusqu’au tournant des années 2010[14]. Cette situation a permis à certains disquaires de s’adapter et de trouver leur voie. C’est le cas de Sofa Records, qui avait ouvert en 2000. Ce choix repose sur une observation du secteur :

Le vinyle à l’époque était facile à trouver, pas cher, plutôt en quantité, et je m’étais dit qu’une niche de consommateurs dans une ville comme Lyon serait capable de me faire vivre. Ce qui s’est à peu près démontré. (Gérant de Sofa Records)

Il est crucial de se rappeler que les passionnées et passionnés de vinyles ainsi que des disquaires comme Dark Fish (2000-2004) et Reggae Jam (2000-2005) ont joué un rôle essentiel dans la préservation de ce support, en continuant de l’acheter – et en particulier le public des scènes du rap, de la techno[15] ainsi que du reggae et du dub, avec les sorties régulières de dubplates[16].

Dans les années 2010, de nouveaux magasins de disques ont émergé, incarnant la résurgence de l’intérêt pour le vinyle. Ceux qui avaient réussi à traverser cette période de crise ont pu rebondir grâce à ce renouveau d’intérêt, et profiter de la création de nouveaux labels qui ont fleuri avec ce regain de popularité. Cela a également permis à une nouvelle génération de disquaires de capitaliser sur la résilience des précédents, tout en bénéficiant de l’essor de la scène musicale locale et des labels émergents. À ce « revival » du disque vinyle et de ses bacs a donc fait écho ce que l’on peut qualifier de véritable renaissance des disquaires indépendants, redevenus des acteurs essentiels d’une scène locale où l’histoire sonore d’une ville se réécrit à travers ses disques.

Cette spécialisation devient d’autant plus cruciale à une époque où le streaming rend l’accès à la musique illimité : pour se démarquer et exister, chaque boutique mise sur une identité distincte et unique.

Dans le paysage lyonnais des disquaires, on s’entend tous très bien. Ce qui est fondamental, et je pense que Lyon est assez exemplaire là-dessus, c’est qu’on a tous notre ADN et notre feuille de route. (Gérant de Dangerhouse)

En effet, Dangerhouse est le bastion du rock et de la noise. Sofa Records est dépositaire du jazz et des musiques du monde. Livity Records diffuse une grande variété de musique jamaïcaine, du reggae roots au UK stepper, en passant par le dancehall, le dub et bien d’autres. The Sounds Of Music – en référence au titre du groupe Dayton – ravive le disco et le funk, faisant de la boutique un véritable gardien de la mémoire du funk. Unité Centrale (anciennement Chez Émile Records) fait vivre toutes les musiques tant qu’elles ont des sonorités électros. LeGram VG est spécialisé dans les vinyles d’occasion de la scène techno-house des années 1990 à aujourd’hui. Bigoût Records a ses bacs remplis de musique de metal et d’expérimental. Watts Records propose une sélection d’albums de jazz, de hip-hop, de groove, de black music que son gérant « souhaite défendre et partager ». Onigiri Records est spécialisé dans la musique électronique et japonaise, aussi bien dans le funk et le disco des années 1970 que dans la city pop typiquement nippone des années 1980. Chez Réglis Records, les diggers trouveront des disques d’occasion de jazz, soul et funk, principalement. Ouvert en novembre 2024, Lucky Records est, comme l’indique son gérant, « une boutique spécialisée dans la pop (c’est un genre qui est très peu présent chez les disquaires) », qui met en avant des artistes comme Madonna, Mylène Farmer, Taylor Swift ou Britney Spears. Enfin, Tiki Vinyl Store présente « un spectre très large » :

On n’est pas un disquaire de niche, on n’est pas un disquaire spécialisé, donc on a envie de proposer à la fois des fondamentaux et à la fois la nouvelle génération. (Co-gérant de Tiki Vinyl Store)

Dans les années 2010, de nouveaux magasins de disques ont émergé, incarnant la résurgence de l’intérêt pour le vinyle. […] Cette spécialisation devient d’autant plus cruciale à une époque où le streaming rend l’accès à la musique illimité : pour se démarquer et exister, chaque boutique mise sur une identité distincte et unique.

Outre la complémentarité de l’offre, la ville de Lyon présente une singularité locale notable : la concentration géographique d’une grande majorité de ses disquaires indépendants au sein d’un même secteur. Cette implantation s’inscrit pleinement dans l’histoire du quartier des Pentes de la Croix-Rousse et du 1er arrondissement, qui constituent le véritable épicentre de la scène musicale indépendante de la ville[17]. D’après Sébastien Escande[18], cette dynamique s’inscrit dans une logique socio-spatiale, ces quartiers ayant historiquement concentré une grande partie des lieux alternatifs – squats, salles de concert, espaces autogérés – qui ont favorisé l’émergence et la diffusion des scènes punk[19], rock[20], indie, ainsi que de la culture DIY (do it yourself), constitutive de l’underground lyonnais[21].

Enfin, cet ancrage géographique est primordial pour intégrer et maintenir un réseau : « tous les disquaires sont là. Ce sont des gens qu’on connaît depuis longtemps » (gérant d’Unité Centrale). Cette proximité géographique exerce une influence positive sur les différentes boutiques. Premièrement, les disquaires se renforcent mutuellement en redirigeant une clientèle à la recherche d’un genre ou d’un disque précis. Deuxièmement, d’après une expression qui revient souvent de la part des diggers, à Lyon, on fait la « tournée des disquaires ». Cette contiguïté joue un rôle économique important pour ces derniers : au cours d’un après-midi consacré à fouiller les bacs, il est aisé de passer d’un magasin à l’autre.

Disquaires et territorialisation des pratiques

L’approche par la scène met l’accent sur la territorialisation des pratiques culturelles, c’est-à-dire la manière dont les activités artistiques et culturelles s’inscrivent dans des espaces spécifiques, souvent urbains, et participent à la construction sociale et symbolique de ces espaces. Will Straw montre que les scènes culturelles ne sont pas des espaces isolés, mais qu’elles s’insèrent dans des ensembles d’interactions translocales qui les façonnent et les transforment, ce qui introduit une dimension « glocale » (local-global)[22]. Celle-ci s’observe tant dans l’importance du magasin de disques comme lieu des scènes et de la vie urbaine que dans la participation des disquaires indépendants au processus de patrimonialisation des musiques locales et internationales.

Un lieu des scènes et de la vie urbaine

Les disquaires indépendants participent à la vitalité des quartiers en instaurant des espaces culturels vivants et conviviaux, où se mêlent événements musicaux et rencontres, contribuant ainsi à l’animation locale. Les magasins de disques sont des lieux de rencontre où se tissent des liens entre passionnés de musique, qu’il s’agisse d’une clientèle régulière échangeant sur ses dernières trouvailles, de collectionneurs et collectionneuses en quête de raretés, d’artistes partageant leurs créations, ou encore d’habitantes et habitants du quartier et de touristes. Ces espaces favorisent les échanges, la transmission de savoirs et une culture musicale vivante. En valorisant les scènes contemporaines ou certains labels – locales et locaux ou non –, les disquaires indépendants participent à enrichir la diversité musicale et à encourager tant la découverte que l’émergence de nouveaux et nouvelles artistes. Ainsi, la première véritable richesse patrimoniale des disquaires indépendants réside dans leurs bacs, où s’exprime pleinement leur rôle dans la diffusion des musiques de niche et la valorisation de genres marginaux, en cohérence avec l’orientation esthétique propre à chaque boutique. Par exemple, Watts Records met en avant le label Astigmatic Records, et profite du passage des artistes signés chez ce label lors de festivals ou de concerts pour les inviter à des séances de dédicace dans le magasin – comme EABS et Jaubi, programmés aux Nuits sonores en 2023. Sofa Records, quant à lui, promeut les labels lyonnais Blanc Manioc et Ouch! Records, le label isérois Heavenly Sweetness, mais aussi International Anthem, basé à Chicago, et les Berlinois de Habibi Funk Records. Citons également la mise à l’honneur du label lyonnais Happiness Therapy chez Onigiri Records, ou encore l’emblématique label des Pentes de la Croix-Rousse, Jarring Effects – situé dans la même rue que LeGram VG, Unité Centrale et Tiki Vinyl Store –, qui dépose directement des copies chez les disquaires environnants. Enfin, la plupart des groupes de funk, qu’ils soient ou non lyonnais, viennent déposer leurs disques directement chez The Sounds Of Music. Le magasin est un lieu de passage pour tous les artistes funk, ainsi que les amateurs et amatrices du genre.

Les magasins de disques sont des lieux de rencontre où se tissent des liens entre passionnés de musique, qu’il s’agisse d’une clientèle régulière échangeant sur ses dernières trouvailles, de collectionneurs et collectionneuses en quête de raretés, d’artistes partageant leurs créations, ou encore d’habitantes et habitants du quartier et de touristes.

Ainsi, le magasin de disques est un lieu de vie culturelle dépassant le cadre exclusivement marchand. Nombreux sont les disquaires qui organisent des release parties. Pour les artistes, ces soirées sont l’occasion de faire découvrir les influences musicales qui ont marqué la création de leurs œuvres. Chez Sofa Records, Livity Records et Tiki Vinyl Store, les release parties prennent davantage la forme de petits concerts au sein de la boutique. La sélection des artistes invités reflète une diversité de parcours et de notoriétés, couvrant les sphères locale, nationale et internationale. D’autres disquaires, comme Unité Centrale, LeGram VG, Onigiri Records, accueillent des DJ dans leur boutique. Chez Unité Centrale, les release parties prennent la forme d’événements pendant lesquels les musiciennes et musiciens ont l’occasion de mixer les disques qui les ont inspirés tout au long de leur processus de composition. Chez LeGram VG, le sound system ouvre ses platines aux DJ de renommée locale ou internationale souhaitant tester leurs nouveaux sets. Il en est de même chez Onigiri Records, où la mezzanine accueille des DJ (y compris novices) pour des cartes blanches.

En plus de ces événements organisés dans les boutiques, les disquaires indépendants participent au paysage radiophonique de la ville. Unité Centrale est le lieu de diffusion de Lyl Radio, permettant à certains disquaires de l’agglomération de venir proposer des émissions. Sofa Records, dans une mensuelle d’une heure, peut mixer ses nouveautés et ses coups de cœur tout en mettant en avant, de manière musicale, l’esthétique défendue par le magasin. Il en est de même pour The Sounds Of Music. D’autres collaborations ont eu lieu, notamment, pour Sofa Records, avec l’émission intitulée 12 pouces, diffusée sur feu Nova Lyon[23] :

Je mets en avant deux morceaux tirés d’albums peu ou mal connus, choisis en fonction de mes désirs du moment. [L’émission] permet de gagner en visibilité tout en procurant du plaisir, étant le seul temps où je diffuse de la musique sans but commercial immédiat. (Gérant de Sofa Records)

Citons également les collaborations avec la plateforme multimédia et événementielle Le Gros Tas de Zik (LGTDZ)[24]. Enfin, certains disquaires développent des podcasts, à l’instar de Bigoût Records avec La Caverne, un« podcast de musiques de cave en live sessions et en interviews ».

La mise en valeur des sélections des disquaires indépendants s’appuie aussi sur des partenariats avec des festivals locaux et des salles de concert, qu’il s’agisse de contribuer à leur programmation artistique ou de participer directement à l’événement, notamment par des DJ sets ou des showcases. Unité Centrale, Onigiri Records ainsi que LeGram VG collaborent avec Arty Farty, qui organise le festival des Nuits sonores à Lyon. La gérante de LeGram VG a déjà mixé au Terminal Club ainsi que dans la salle de concert Le Sucre. Le gérant de The Sounds Of Music a su tisser des partenariats avec la salle de concert Le Périscope ainsi que les clubs L’Ambassade[25] et La Maison mère. Livity Records organise des soirées roots reggae, dub et dancehall sous la forme de sound system[26] ou de concert live à Lyon et dans son agglomération. Il en va de même pour Bigoût Records, qui organise des concerts dans le but de faire jouer des groupes locaux ou internationaux soutenus par la boutique. Ainsi, par leurs sélections, leurs événements, leurs collaborations ainsi que leur rôle dans la mise en réseau des artistes et des passionnés de musique, les disquaires indépendants façonnent et territorialisent l’écosystème musical local et ses esthétiques.

Rôle dans la patrimonialisation musicale

Les sorties et rééditions[27] proposées par certains disquaires constituent une forme de patrimonialisation du territoire sonore lyonnais. Pour Sofa Records, The Sounds Of Music, Livity Records, Dangerhouse et LeGram VG, c’est une manière d’agir en harmonie avec les valeurs musicales et esthétiques qu’ils défendent. La production de leurs propres disques n’est toutefois pas une priorité pour la plupart des disquaires, car cela demande un temps et une énergie considérables. Néanmoins, comme l’affirme le gérant de Dangerhouse, « quand vous aimez le vinyle, que vous aimez l’objet, que vous aimez la pochette, quand vous aimez le son, l’étape d’après c’est de le faire, quoi ; c’est de le faire fabriquer ». Par cette démarche, ces acteurs participent à la préservation et à la valorisation de la mémoire musicale locale, en soutenant des productions émergentes ou en procédant à la réédition d’œuvres oubliées.

C’est le cas de Sofa Records, qui a sorti, en collaboration avec le disquaire suisse Bongo Joe, le disque Maghreb K7 Club en 2020 ainsi que Maghreb K7 Club : Disco Singles Vol. 3 en 2024. Le projet est porté par Simon Debarbieux et par la réalisatrice sonore et chercheuse indépendante spécialisée dans les expressions de la tradition orale et les musiques populaires Péroline Barbet[28]. L’objectif de ces disques est d’illustrer, à travers la musique, le multiculturalisme et l’histoire des migrations à Lyon, en particulier celle du quartier de la Guillotière, historiquement construit et fréquenté par des populations immigrées, notamment maghrébines, ce qui lui confère une identité culturelle forte[29]. La compilation se concentre sur la scène locale du raï des années 1980 et 1990. Ajoutons que cette musique n’a que très peu été documentée, malgré la grande production de cette époque[30].

Il y a des milliers de titres qui sont sortis dans ces musiques-là, et il s’agit d’en choisir huit ou dix maximum, qui correspondent à un prisme, un angle d’attaque. L’idée de Maghreb K7 Club, c’est de choisir des musiques qui ont été produites ou qui avaient un lien plus ou moins direct avec toute cette scène qui a existé à Lyon et qui s’est articulée autour du quartier de la Guillotère. (Simon Debarbieux)

À partir d’un fonds de cassettes issu de la collection personnelle du musicien et sociologue Richard Monségu – déposé au début des années 2000 au Centre des musiques traditionnelles Rhône-Alpes (CMTRA) et portant sur les questions de territoire sonore –, le projet Maghreb K7 Club s’est construit autour de l’écoute et de l’analyse d’une centaine de ces cassettes.

[L’objectif était] de se limiter à ce fonds-là – sinon c’est illimité, infini –, et de se focaliser sur les musiciens de la région Auvergne-Rhône-Alpes. Et même si les gens venaient d’un peu partout de la région, ça se faisait à la Guillotière. (Simon Debarbieux)

La production de ce vinyle a permis de proposer un objet intégral, incluant des notes qui racontent l’histoire des musiciens, leurs parcours, leurs sources d’inspiration, ainsi que l’histoire du quartier.

Chez The Sounds Of Music, la production d’artistes de funk issus de la scène locale contemporaine et l’édition d’unreleased[31] – notamment en partenariat avec le label R.$.J.Recordz, qui a sorti les disques des artistes Grand Slam et HB Concept– contribuent à la territorialisation de Lyon comme « capitale du funk[32] ». Cette expression a émergé avec la démocratisation d’Internet au cours des années 2000, notamment en raison de l’essor des forums de discussion et des plateformes de téléchargement peer-to-peer, qui ont permis de mettre en lumière la forte présence de contributeurs et contributrices originaires de Lyon, une réalité jusque-là largement méconnue. La qualification de Lyon comme « capitale du funk » s’explique notamment par le fait que, durant les années 1990-2000, bien que le funk fût peu populaire à l’échelle nationale, il continuait néanmoins à occuper une place importante au sein de certains quartiers de la ville et de sa proche banlieue[33].

En effet, contrairement à d’autres villes de France qui « se tournaient vers le hip-hop, Lyon est resté fidèle au funk depuis les années 1990 ». Le gérant de The Sounds Of Music cite des groupes emblématiques du G-funk lyonnais, comme Bougnoul Smala ou Mack-Route[34], et développe :

L’arrivée du G-funk de la côte ouest des États-Unis a également contribué au maintien de l’intérêt pour le funk et son esthétique. […] [Aujourd’hui,] il y a une scène funk active à Lyon qui s’exporte même à l’étranger, comme Nickee B, Masterfonk – qui est un groupe de Vénissieux[35] qui collabore avec des artistes américains au niveau des voix, notamment avec Howard Johnson. On a Charlie and the Soap Opera, qui fait un style un peu plus acoustique et orchestral ; il y a le label Magic Funk Records aussi, à Lyon […]. Il y a DJ AK : c’est un ancien du groupe de G-funk Pass-Pass qui s’est mis à la production de modern funk, qui a produit des titres avec Sally Green[36], et je crois qu’il travaille sur le prochain album de Zapp. Et puis il y a mon groupe, The Funky Drive Band.

Au moment de l’entretien, le gérant de The Sound Of Music disait travailler sur une compilation de groupes de funk lyonnais avec son label Boogie Foxx Records & Tapes (spécialisé dans le modern funk), ce qui participe de ses activités de production d’artistes locaux, et contribue donc à la patrimonialisation de cette scène contemporaine active. Ce travail s’articule avec l’exposition internationale permise par des événements comme le festival bisannuel La Grande Nuit de la Funk, qui offre une scène à de nombreux musiciens funk et concourt ainsi à inscrire Lyon sur la carte mondiale de ce genre musical. Les artistes eux-mêmes reconnaissent que Lyon bénéficie d’un public fidèle et averti, venu de toute la France et de l’étranger pour découvrir des propositions pointues.

Les scènes électros lyonnaise et internationale sont mises à l’honneur chez LeGram VG, notamment à travers les disques Game of Tunes présentant des morceaux de producteurs et productrices de différentes régions et de Lyon. Il s’agit d’une série de compilations de vinyles conçues à partir de démos soumises par des artistes, le plus souvent émergents. Parmi celles-ci, quatre titres sont choisis pour être pressés sur vinyle. Ces compilations sont avant tout des supports de valorisation, qui donnent de la visibilité à des producteurs souvent en dehors des circuits traditionnels. Notons que chaque volume compte au moins deux artistes lyonnais[37]. Le processus n’a rien d’industriel. Chaque pressage est produit en petite quantité, pensé à la fois comme un objet de collection et comme une carte de visite sonore. Ce projet, à la croisée de la curation musicale, de l’artisanat et de l’engagement local, incarne une manière singulière de faire vivre la musique indépendante. En valorisant les démos – souvent les premières traces d’une création en devenir –, LeGram VG agit comme un véritable laboratoire de découvertes : il révèle de nouveaux artistes, fédère des communautés locales autour de la création brute, et pose les fondations d’un écosystème durable où chacun, chacune peut trouver son public.

Cette démarche rappelle celle de Livity Records, qui allie étroitement commerce, création musicale et production artisanale. En effet, le lieu comprend un studio d’enregistrement situé à l’arrière de la boutique, où se croisent artistes locaux et internationaux, notamment de la scène reggae. Les nouveaux morceaux enregistrés sur place sont ensuite pressés en vinyle dans des quantités limitées, pour être directement mis en vente dans la boutique ou sur les plateformes en ligne. Cette logique intégrée – de l’enregistrement à la distribution – permet un circuit court de la musique, favorisant l’émergence de projets indépendants et la diffusion rapide de nouveautés.

On fait venir des artistes, donc on peut en profiter pour les faire passer au studio, travailler sur de nouveaux projets qui, après, vont se retrouver dans le magasin. [Par exemple, on] a fait les premiers morceaux avec [le chanteur britannique] YT, qu’on avait fait venir pour une soirée ici. On a enregistré les morceaux, puis on en a fait un vinyle qui s’est retrouvé dans les bacs du magasin. (Gérant de Livity Records)

Le studio a également une « facette plus confidentielle, presque cachée », qui touche à l’univers des sound systems, avec l’enregistrement de dubplates. Ces versions personnalisées de morceaux sont conçues pour être jouées en exclusivité lors de prestations live. Les sessions d’enregistrement concernent des artistes directement invités par le magasin, mais sont aussi ouvertes à d’autres collectifs, par l’intermédiaire d’un réseau d’organisateurs et organisatrices et de producteurs et productrices. Ainsi, certains sound systems possèdent des morceaux entièrement inédits, joués uniquement en session, ce qui renforce le caractère événementiel et unique de leur performance. Le public, quant à lui, assiste à des shows où il peut entendre des morceaux qu’il n’entendra nulle part ailleurs.

Dans le domaine du rock, au sens large, le label Dangerhouse Skylab fonctionne comme une structure interne au disquaire Dangerhouse. Actif depuis une dizaine d’années, il compte à son catalogue plus de 80 références, mêlant productions contemporaines et rééditions, d’artistes tant locaux qu’internationaux[38]. Une dynamique similaire se retrouve chez le label Bigoût Records, qui réunit une vingtaine de références issues également de scènes locales et internationales[39]. Il convient enfin de mentionner diverses rééditions et productions qui, bien que portant sur des artistes n’ayant aucun lien direct avec la ville de Lyon, demeurent étroitement associées à celle-ci en raison de l’implication active des disquaires lyonnais à l’origine de ces initiatives. C’est notamment le cas des albums Rest’ la maloya d’Alain Peters ou La flûte des mornes : vol. 1 de Max Cilla ainsi que du deuxième album de l’autrice-compositrice-interprète québécoise Myriam Gendron, Ma délire : Songs of Love, Lost and Found, initialement sorti en 2021 chez Feeding Tube (États-Unis) et Les Ateliers Claus (Belgique).

Pour conclure sur la question de la patrimonialisation, certains disquaires instaurent des collaborations étroites avec des institutions publiques, à l’image d’Unité Centrale, qui inclut toujours un album d’un groupe local dans ses dépôts à la bibliothèque municipale de Lyon. Cette initiative, destinée à préserver et valoriser l’héritage musical local, souligne le rôle essentiel des disquaires indépendants dans la construction et la transmission d’une mémoire culturelle et musicale.

Conclusion

Les disquaires indépendants participent à « [l]a construction d’une identité fondée sur une authenticité revendiquée de la culture matérielle ou sur une logique de terroir [qui] peut être un outil de communication ou de tourisme. L’image des villes devient ainsi une marque[40] ». Ce processus en perpétuelle recomposition confère à ces acteurs un statut excédant largement celui de simples commerçants ou de médiateurs culturels : ils participent activement à la co-construction du paysage sonore lyonnais. L’un des enjeux contemporains majeurs auxquels ces acteurs doivent faire face réside dans leur aptitude à générer des dynamiques d’« hyper-fidélisation » ou d’« hyper-identification »[41], souvent fondées sur une spécialisation autour d’un genre musical distinctif. Si cette orientation stratégique peut renforcer leur légitimité symbolique et favoriser une forte identification communautaire, elle présente néanmoins des limites sur le plan économique. En conséquence, certains disquaires sont amenés à diversifier leurs pratiques professionnelles au-delà de la seule gestion et exploitation du point de vente[42], explorant ainsi de nouvelles modalités d’ancrage territorial et de pérennisation de leur activité. Dans cette perspective, le soutien du public local apparaît comme un levier essentiel, à la fois pour garantir la survie de ces lieux de culture indépendante et pour nourrir une dynamique collective. Comme le souligne avec engagement le gérant de Dangerhouse :

Tout commence un jour localement, que ce soit avec un club, un groupe, un artiste, et voilà, il faut rester vigilant à ça. Il faut soutenir. Soutenez les clubs, soutenez les disquaires, soutenez les libraires, soutenez les salles et les artistes. Et vraiment, ce n’est pas si cher que ça, et ça permet de construire un monde qui est quand même un peu plus sexy !

L’éclectisme musical a toujours fait partie intégrante du paysage des disquaires lyonnais, y compris avant la période de crise du disque et, plus largement, du déclin des supports physiques. Les disquaires indépendants jouent un rôle essentiel dans la création d’un véritable territoire sonore lyonnais, par la mise en avant de styles musicaux pointus et la valorisation d’artistes et de labels locaux et internationaux. À travers leurs activités, leurs échanges sociaux et leurs connexions avec d’autres horizons culturels, les magasins de disques façonnent les contours de la territorialisation musicale lyonnaise et positionnent la ville comme un carrefour d’influences, où les cultures se rencontrent et s’entrelacent.


[1] Extrait du film Human Traffic, de Justin Kerrigan, sorti en 1999.

[2] PODDEVIN T., « Tous les disquaires indépendants ouverts répertoriés sur cette carte interactive », Tsugi, 9 nov. 2020, en ligne : https://www.tsugi.fr/tous-les-disquaires-independants-ouverts-repertories-sur-cette-carte-interactive/.

[3] DEVALLAN H., Le Paris des disquaires. Le guide des disquaires indépendants de la capitale, Paris, Jazz & Cie, 2020.

[4] Le gone est un gamin de Lyon, comme le ch’ti celui du Nord, le titi celui de Paris ou le drôle celui de Bordeaux.

[5] Auxquels s’ajoutent Gibert Joseph ainsi que des enseignes comme la Fnac et O’CD.

[6] DELEUZE G. et GUATTARI F., Mille plateaux. Capitalisme et schizophrénie 2, Paris, Minuit, 1980, p. 386.

[7] GUIBERT G., « La notion de scène locale. Pour une approche renouvelée de l’analyse des courants musicaux », dans S. Dorin (dir.), Sound factory. Musique et logiques de l’industrialisation, Guichen, Mélanie Seteun, 2012, p. 93-124, en ligne : https://doi.org/10.4000/books.ms.1055.

[8] STRAW W., « Scènes : ouvertes et restreintes », Cahiers de recherche sociologique, no 57, automne 2014, p. 17-32, en ligne : https://doi.org/10.7202/1035273ar.

[9] BERGER P. et LUCKMANN T., La construction sociale de la réalité, Paris, Armand Colin, 2006 [1966].

[10] Voir ministère de la Culture, « Les disquaires, acteurs clés de la diversité musicale », 18 avr. 2018, en ligne : https://www.culture.gouv.fr/fr/actualites/Les-disquaires-acteurs-cles-de-la-diversite-musicale ainsi que DORDOR F., Disquaires. Une histoire : la passion du vinyle, Paris, GM, 2021, p. 282.

[11] Interview de Bruno Biedermann dans ESCANDE S., À l’arrache. Portraits et récits de la scène musicale underground de Lyon (1980-2020), Barbapop, 2021, p. 53.

[12] Ibid.

[13] CURIEN N. et MOREAU F., L’industrie du disque, Paris, La Découverte, 2006.

[14] DONNAT O., « Évolution de la diversité consommée sur le marché de la musique enregistrée (2007-2016) », Culture Études, 2018, no 4, p. 6, en ligne : https://doi.org/10.3917/cule.184.0001.

[15] DORDOR F., Disquaires, op. cit., p. 298.

[16] Les dubplates sont des vinyles ou acétates en édition limitée, souvent utilisés dans le reggae, le dancehall et la drum and bass. Ils contiennent des morceaux inédits, des versions exclusives ou des « specials » (morceaux personnalisés avec des paroles dédiées à un sound system ou un ou une DJ). À l’origine, ils servaient aux DJ pour tester des sons en soirée avant une sortie officielle. Source : entretien réalisé avec le gérant de Livity Records.

[17] Voir notamment GUIBERT G., La production de la culture. Le cas des musiques amplifiées en France, Paris-Nantes, Centre d’information et de ressources pour les musiques actuelles (IRMA)-Mélanie Seteun, 2006, en ligne : https://doi.org/10.4000/books.ms.554 ainsi que GUIBERT G., « La notion de scène locale », op. cit.

[18] Également connu sous le pseudonyme de Barbapop, Sébastien Escande est éditeur, programmateur de concerts, coordinateur d’un riche réseau do it yourself (DIY) local, ainsi qu’un acteur de la scène musicale indépendante lyonnaise depuis les années 2000. Son livre, À l’arrache, est une référence incontournable pour qui veut comprendre les enjeux, l’histoire et la vitalité d’une scène construite « à l’arrache » mais avec passion, solidarité et militantisme.

[19] Voir notamment « La scène punk à Lyon (1976-2016) », journée d’étude du projet de recherche PIND (Punk is not dead), 1-2 juin 2018, en ligne : https://pind.univ-tours.fr/events/la-scene-punk-a-lyon-1976-2016/.

[20] Voir notamment « Lyon capitale du rock (1978-1983) », exposition à la bibliothèque de la Part-Dieu, 15 mai-21 sept. 2019, en ligne : https://www.bm-lyon.fr/expositions-en-ligne/lyon-capitale-du-rock-1978-1983/.

[21] ESCANDE S., À l’arrache, op. cit.

[22] KAISER M., « Pratiques culturelles et politiques publiques : l’approche par le concept de “scène” », Cahiers de recherche sociologique, no 57, automne 2014, p. 133‑157, en ligne : https://doi.org/10.7202/1035279ar.

[23] L’antenne locale de Radio Nova créée à Lyon en 2017 en partenariat avec la radio associative RTU (Radio Trait d’union) a cessé d’émettre à la fin du mois de mai 2024, au profit de la programmation nationale de Radio Nova, qui a repris la fréquence 89.8 FM. Voir PULLIAT M., « Disparition de Radio Nova Lyon : “Une vraie perte pour la culture lyonnaise” », Rue89 Lyon, 26 avr. 2024, en ligne : https://www.rue89lyon.fr/2024/04/26/disparition-de-radio-nova-lyon-une-vraie-perte-pour-la-culture-lyonnaise.

[24] Voir notamment : https://www.lgtdz.com/lieux/disquaires.

[25] Voir notamment : https://www.ambassadeclub.com/artistes.

[26] Dans la culture reggae et dub, un sound system est un collectif de DJ, de selectas (qui sélectionnent les morceaux à passer), d’opérateurs ou opératrices (qui gèrent la partie technique du système sonore) et de MCs (sigle de masters of ceremonies ou « maîtres de cérémonies », désignant ici les chanteurs, chanteuses et animateurs, animatrices de sound system), qui diffuse de la musique via un puissant mur de son, souvent en extérieur ou en club. Né en Jamaïque dans les années 1950, il est un élément central de la diffusion du reggae et du dub, favorisant une expérience immersive basée sur les basses profondes et des sélections musicales exclusives.

[27] Il semble important de faire une distinction entre les deux. La sortie d’un disque correspond à une nouveauté, à la mise sur le marché d’un album inédit d’un ou une artiste. La réédition de disque consiste à republier un enregistrement musical déjà commercialisé, souvent après une période de disponibilité limitée ou épuisée. Elle peut inclure des améliorations techniques, telles que la remastérisation, ou être accompagnée de contenus supplémentaires, comme des bonus, des versions alternatives, des notes explicatives ou des illustrations inédites. La réédition peut aussi avoir pour but de rendre accessibles des œuvres qui étaient devenues difficiles à trouver, que ce soit pour des raisons commerciales ou de droits d’auteur.

[28] Pour plus d’informations et de ressources sur le travail de Péroline Barbet, voir : https://peroline-barbet.com.

[29] BATTEGAY A., « Les recompositions d’une centralité commerçante immigrée : la place du Pont à Lyon », Revue Européenne des Migrations Internationales, vol. 19, no 2, 2003, en ligne : http://journals.openedition.org/remi/432.

[30] Pour approfondir, voir la série documentaire Raï is not dead réalisée par Simon Maisonobe et Hadj Sameer en 2023, et notamment le troisième épisode, « Lyon et Marseille, les avant-postes du raï », en ligne : https://www.arte.tv/fr/videos/105450-003-A/rai-is-not-dead-3-6.

[31] Albums qui ne sont jamais sortis sur disque.

[32] DEPIENNE M., « Lyon, la légendaire capitale du funk », Tribune de Lyon, 17 mai 2023, en ligne : https://tribunedelyon.fr/culture/lyon-la-legendaire-capitale-du-funk.

[33] D’après l’entretien réalisé avec le gérant de The Sounds Of Music.

[34] Pour plus d’informations sur les groupes cités ici, peu connus en dehors de la scène lyonnaise, voir notamment la base de données Discogs : https ://www.discogs.com/fr

[35] Vénissieux est située en banlieue sud de Lyon.

[36] Voir : https://www.discogs.com/release/25443241-Sally-Green-6-DJ-AK-Heartbeat.

[37] D’après l’entretien réalisé avec le gérant et la gérante de LeGram VG.

[38] Voir l’ensemble des productions du label : https://dangerhouse.fr/skylab.php.

[39] Voir l’ensemble des productions du label : https://www.bigoutrecords.com/cat/bigout-releases.

[40] GUIBERT G., « La notion de scène locale », op. cit., paragr. 60.

[41] Selon les termes de François Jolivet, responsable du service Lieux et Disquaires au Centre national de la musique (CNM).

[42] D’après l’entretien réalisé avec François Jolivet.

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